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Marc-Olivier Wahler, CAN
Sur invitation de ProjektRaum
Le CAN (Centre d'Art Contemporain) avec Marc-Olivier Wahler,
Neuchâtel, présente:
Mort aux trousses
Jacques Olivier André, René Bauermeister, Marco Leval,
Philippe Mayaux, Kirsten Mosher et Philippe Ramette.
vernissage vendredi 11avril 1997 dès 18 heures
exposition du 12 avril au 11 mai 1997
heures d'ouvertures: jeudi-dimanche 15-18 heures et sur rendez-vous
Fotos: Philippe Ramette
"Potence domestique"
1994
bois, corde
235 x 11 x 12 cm
Deutsche Übersetzung
A l'image d'un Gary Grant essayant désespérément d'echapper
à l'avion qui le poursuit, l'oeuvre d'art est toujours menacée
de disparition due à sa structure même. «Esse est percipi»
disait un grand philosophe, le premier à se demander, il y a quelques
siècles déjà, ce que devient un objet lorsque l'on
étaint la lumière ou que l'on ferme la porte. Que se passe-t-il
vraiment? L'uvre d'art existe-t-elle encore? L'objet physique (pigments,
toiles, bronze, etc.) est toujours là, mais l'oeuvre d'art, où
est-elle? A-t-elle disparue? Une longue polémique commençait
et l'ontologie de l'oeuvre d'art allait connaître des soubrésauts
qui aujourd'hui encore agitent les neurones de nombre d'artistes et philosophes.
Le propos de l'exposition Mort aux trousses n'est pas d'apporter une contribution
à ce débat. Il aimerait montrer que la menace de disparition
de l'uvre d'art (seul dans le noir, invisible et n'interessant plus personne,
ce qui ne manque pas ­p; en ces temps de crise et de désenchantement
­p; de susciter la pitié d'âmes charitables) est précisément
ce qui marque son interêt, sa pertinence. La stabilité d'une
uvre d'art, sa sérénité, sa tranquilité la condamne
à une simple image, rassurante, consommable, digérable, véhiculant
un peu ce même sentiment béat, qui nous invahit après
quelques heures passées devant la télévision, le six-pack
de bière consommé. Ce que fonde son intérêt,
c'est l'angoisse d'une possible disparition, la tension résultant
d'une présence au statut incertain, interlope. Pourquoi un avion
pour traquer Gary Grant? Une simple voiture ne suffit pas?
Mort aux trousses c'est l'histoire d'une macchabée qui ne cesse pas
de se convulser, d'une mouche, qui rêve d'une agonie sans fin, englué
dans la peinture d'un monochrome, d'une condamné qui trouve dans
le crissement de la corde autours de son cou l'amorce d'une symphonie qu'il
aimerait encore écrire.
­p; «Mais bon sang, grommela Herbert en écrasant rageusement
la tête du pauvre Phil contre le capot de la voiture, quand va-t-il
se résoudre à crever?» (rire) Marc Olivier Wahler
Wie das Bild von Gary Grant, der verzweifelt versucht dem ihn verfolgenden
Flugzeug zu entkommen, ist das Kunstwerk ständig bedroht zu verschwinden;
nicht ein physisches Verschwinden, aber ein Verschwinden, welches von seiner
Struktur herrührt. «Esse est percipi» sagte ein grosser Philosoph,
der erste, der sich vor ein paar Jahrhunderten fragte was aus einem Objekt
wird, wenn man das Licht ausschaltet oder die Türe schliesst. Was passiert
wirklich? Existiert das Kunstwerk noch? Das körperliche Objekt ist
noch da (Pigmente, Leinwände, Bronze etc.) aber das Kunstwerk, wo ist
es? Ist es verschwunden? Eine lange Polemik begann und die Ontologie des
Kunstwerks bewegt noch heute die Neuronen einer grossen Anzahl von Künstlern
und Philosophen.
Es ist nicht die Aufgabe der Ausstellung Mort aux trousses, einen Beitrag
zu dieser Debatte zu leisten. Sie möchte aufzeigen, dass die Bedrohung
des Verschwindens des Kunstwerks (nur im Dunkeln, unsichtbar und fern von
jeglichem Interesse ­p; was nicht fehlt in diesen Zeiten der Krise und
der Ernüchterung ­p; das Erbarmen der barmherzigen Seelen heraufzubeschwören)
genau sein Interesse und sein Durchsetzungsvermögen ausmacht. Die Stabilität
eines Kunstwerks, seine Ernsthaftigkeit, seine Ruhe verurteilt es auf ein
einziges Bild, beruhigend, konsumierbar, verdaubar, genährt mit diesem
gleichen glückseligen Gefühl, das uns erobert, nach einigen vor
dem Fernsehen verbrachten Stunden, mit geleertem Six-pack Bier. Was das
Interesse des Kunstwerks ausmacht, ist die Panik vor seinem möglichen
Verschwinden, die Spannung, welche aus seinem unsicheren Statut hervorgeht.
Warum ein Flugzeug um Gary Grant zu hetzen? Hätte ein Auto nicht genügt?
Mort aux trousses ist die Geschichte einer von Parkinson heimgesuchten Leiche,
von einer Fliege, welche von der nicht enden wollenden Agonie träumt,
eingeklebt in der Farbe eines Monochroms, eines Verurteilten, welcher in
den Ritzen des um seinen Hals geschlungenen Seils den Köder einer Sinfonie
findet, welche er noch schreiben möchte.
«Bewahren wir kaltes Blut, brummelte Herbert, als er den Kopf des armen
Phil wütend gegen die Kühlerhaube drückte, wann wird er sich
entschliessen zu verrecken?» (lachen) Marc Olivier Wahler
(Übersetzung: Barbara Fässler)