taurisiko
Schlafaktion zum 14. Juni 1996 in Genf

Als Reaktion auf die Diskussion über den öffentlichen Raum als weiblichen Angstraum wie er in den Veröffentlichungen von Schweizerischen, Bundesdeutschen und Östereichischen Planerinnen geführt wird (z.B" Richtlinien für eine sichere Stadt" Wien 1995) entwickelte sich die Idee der Aktion.

Die Erziehung lehrt Frauen, nachts den öffentlichen Raum zu meiden. Ist es wirklich die Gefahr oder einfach die Idee, die uns glauben macht, dass wir nachts im öffentlichen Raum nichts zu suchen haben?
In der Nacht vom 13. auf den 14. Juni 1996 haben 8 Frauen ein Bett im öffentlichen Raum der Stadt Genf aufgestellt und darin übernachtet. Der Ort wurde von jeder frei gewählt. Im Vorfeld haben wir mit dem Komitee des 14.Juni Konatkt aufgenommen und an der dortigen Pressekonfernz die Aktion vorgestellt. Nach der Aktion trafen sich alle Frauen am Stand des 14. Juni am Place du Molard und die Aktion wurde mit einem ersten Austausch beendet.

In der Shedhalle wurden im September 1996 die verschiedenartigen, individuellen Eindrücke und Rezeptionen (Pressematerial) der Aktion in Genf analysiert. Die Gender-Debatten bildeten die Grundlage für diese Analysen. Darüberhinaus wurden Sätze formuliert, die in Zusammenhang zu gendertheoretischen Texten stehen in denen der Umgang mit Angst und Gewalt thematisiert wurde (z.B. Judith Butler, Juliane Rebentisch). Diese Sätze wurden als Graffitis (Bodensätze) zurückgeführt an die Orte, die als sog. Angsträume gekennzeichnete sind.

vor dem Theater


Parc St-Gervais


Bain des Pacquis



Pressereaktion
(Tribune de Genève)

Elles ont dormi dans la rue!

NUIT / Jeudi, une douzaine de jeunes et jolies artistes ont installé leurs lits aux quatre coins de Genève. Pour démontrer qu'on peut vaincre sa peur d'un moment qui n'appartient pas qu'aux hommes. Julie a fait la nuit blanche sur leurs traces.

Vingt-deux heures trente: Martine ouvre le bal des petits lits blancs. Traversée du pont de la Coulou: à pied, en poussant le berceau à roulettes. Le cortège fait son effet: deux frimeurs dans une voiture rouge plantent les freins et meuglent «salopes». No comment. Arrivée à la promenade de St-Jean. Pas un chat mais quelques réverbères. On plante le lit sur la pelouse, sous le buste de James Fazy. Jolie et tout de blanc vétue Martine tapote sa couette danoise. Et bâille: «J'ai sommeil.» Au pied du lit ni bombe lacrymogène, ni pistolet à eau. Juste une bougie: «Il n'y aura ni viol, ni meurtre. Tout ce que je risque, c'est de m'ennuyer un peu.» Un papy passe avec son chien. Sans sourciller. J'abandonne l'artiste dans ses draps blancs. Au milieu de la verdure, I'image est lumineuse. 23 h 15: je patrouille dans la ville, à la recherche des belles au bois dormant. Encore personne aux points stratégiques. C'est que trimballer lits, matelas et tout le barda, ça ne se fait pas en cinq minutes. O h 30, parc des Epinettes aux Acacias. Brrr... lugubre. Un gros duvet blanc se dessine dans la nuit noire. Suzanne, une mignonne blondinette, ne dort que d'un ¦il. Pas évident le coin. Toute contente de parler à une âme. elle avoue être un peu inquiète: «Ce vent dans les arbres, ça fait bizarre. Mais les passants ne s'approchent pas. Je crois qu'ils ont plus peur que moi.» Et si un grand méchant loup la mordait? «Je suis entrainée au full contact. Je peux me défendre. Il suffit de montrer à l'adversaire qu'il n'a aucune chance. L'espace public appartient aussi aux femmes. Elles ne doivent pas se cacher dans les maisons. C'est ce que nous voulons démontrer ce soir.» Je quitte la courageuse gamine avec un petit frisson: pourvu que tout se passe bien. 1 h 10: curieux spectacle devant l'entrée du Grand-Théatre. Un crâne rasé et une boucle d'oreille dépassent d'un édredon. Santiags et bouteille de flotte au pied du lit la jeune femme sommeille. Indifférente au reste du monde. Quelques voitures ralentissent des quidams s'arrêtent. Etonnés. Elle s'en fout. Le Géneral Guisan peut tomber de son cheval, tout ce qu'elle veut, elle, c'est dormir. Un sécuritas boucle les portes du théatre et s'en va. Sans un mot sans un regard. Deux adolescentes zonent autour du polochon: «Elle n'a pas de logement la dame?» I h 45, place Bel-Air. Faut le faire! Au beau milieu des arrêts de bus, une brunette repose sur sa blanche couche. Quand je dis repose... Ça tournique, par ici. Bal de voitures et de noctambules autour des plumes: «Vous n'auriez pas une petite place pour moi?» Gros gags bien plats, mais aussi réactions sympas: «Vous avez besoin d'aide?» Jusqu'à 4h30 du mat', la brunette répondra à l'avalanche de questions sur le pourquoi de la chose. La jeune fille confie: «Je prefère tout ce mouvement plutôt que de dormir toute seule dans un parc.» Les flics? Devant cette performance artistique, ils se sont effacés. Sans chipoter. 2 h, angle bd des Philosophes et bd de la Tour. Flanqué sur un monticule verdoyant, le lit de Rachel. Comme un radeau. On se grille une clope. Non, elle n'a pas froid, oui, c'est confortable. Jusqu'ici, aucune visite. Mais beaucoup de circulation. Peur? «Non, je me sens assez forte», dit-elle. Et puis, Genève se prête bien à ce genre d'action. « Une voiture de police passe et repasse. Rachel ne risque rien, moi oui: je suis garée comme un pied. Bye-bye. 2h30, place des Bergues. Une petite miss dort comme un bébé. J'hesite à la réveiller. «Hé, ho, bonjour.» Elle ouvre ses deux yeux bleus et sourit comme un ange. Zurichoise, 21 ans et sculptrice. Elle a tout d'abord installé ses roulettes devant l'Hôtel des Bergues. Un peu chenil! Après lui avoir proposé une chambre, les deux concierges ont gentiment poussé son lit et elle dedans, sur le pont d'en face. Trop de vent. Elle se rabat place des Bergues. Où les poulets, alertés par le palace, viennent Ia border et enregistrent son identité. «Ils étaient très sympas, Ils se sont même débrouillés pour que je puisse aller au petit coin à l'hôtel.» La jeune artiste s'étonne: «Dans l'ensemble, je suis plutôt passée inaperçue. Il y a tout de même eu quelques réactions. Approbatives chez les femmes, ironiques chez les hommes. Genève est calme, je m'y sens en sécurité. Je ne crois pas que j'aurais fait cette chose-là à Zurich.» 3h30: bonne nuit, les petites. Bisou sur le front aux deux dormeuses de la plaine de Plainpalais et saut de puce aux bains des Pâquis. Le vent hurle à la mort dans les haubans. Une drôle d'angoisse m'envahit. Moi? Pour la nuit? Allons donc! Je cherche l'artiste. Elle doit être tout là-bas au fond vers le phare, en pleine tourmente. Chapeau, je n'aurais pas osé! A mi parcours, pas rassurée du tout, je me dégonfle. Et puis d'accord. hein, j'ai bien le droit d'avoir sommeil moi aussi. A force de voir tous ces lits... Julie

 

erschienen am 15-16 Juni 1996, Tribune de Genève



ist eine Aktion die viele Diskussionen ausgelöst hat.

Dadurch, daß wir in schönen Bettgestellen schliefen, haben wir nicht auf andere Problematiken hingewiesen wie auf Ausschluß, Säuberung der Innenstädtischen Bereiche.

Welche Beziehung entstand ungewollt mit Obdachlosen, die im öffentlichen Raum schlafen?

Für uns war es wichtig ein Zeichen zu setzen, Frauen zu ermutigen die öffentlichen Orte zu besetzen wie die ihren und nicht durch die permanente Angst der Belästigung eingeschränkt zu sein.

 

An dem Projekt Taurisiko waren beteiligt: Suzanne Sauter, Fenja Abraham, Lea Jaecklin, Simone Batschelet, Rachel Mader, Alexia O'Hara, Martine Anderfuhren u.a...

Photos: Monique Jacot





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